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26 novembre 2012 1 26 /11 /novembre /2012 09:46

Réchauffement climatique

La Banque Mondiale déclenche l’alerte rouge !

(Articlepublié sur le quotidien le Soir d’Algérie du 26-11-2012)

 

La banque mondiale a publié ce 18 novembre un rapport scientifique sur la problématique du réchauffement climatique. Elle y décrit notamment les conséquences désastreuses qu’encourt l’humanité si des actions vigoureuses n’étaient pas prises pour respecter le seuil limite d’augmentation de la température de la planète tel que fixé par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). De l’avis de la quasi-totalité des experts, ce seuil, qui est de +  2°C à l’horizon  2050, est inatteignable au vu des politiques environnementales menées actuellement. C’est sans doute cela qui a amené la banque mondiale à étudier un autre scénario plus probable, à savoir celui d’une élévation de la température de + 4°C. La vision de la banque mondiale sur ce qui nous attendrait si ce scenario se réalisait relève franchement du cauchemardesque. Parmi la pléthore de fléaux qui frapperaient le monde selon ce rapport, citons la chute drastique de la production agricole qui aggraverait la famine dans le monde. Plus de 500.000 nouvelles âmes viendraient s’ajouter au milliard de personnes qui souffrent déjà de  famine. La sécheresse sévirait plus durement encore. Les ressources en eau se raréfieraient et provoqueraient un stress hydrique d’une ampleur sans précédent. Le niveau des océans continuera à monter du fait notamment de la fonte des glaciers de la banquise dont la superficie s’amenuise de jour en jour. Il menace carrément de disparition certaines iles et régions côtières de Madagascar, du Venezuela, de l’Inde, du Bangladesh, d’Indonésie etc... Il s’ensuivrait aussi un flux massif de réfugiés climatiques que certaines sources estiment à plus de un 1 milliard. Les désordres sociaux et politiques qui en découleront sont tout autant imprévisibles qu’ingérables.

 

Le réchauffement climatique n’épargnera pas, non plus, la faune et la flore. Il mettra en péril la diversité biologique. L’acidification des océans sera fatale à l’équilibre de l’écosystème marin et notamment aux récifs coralliens qui jouent un rôle primordial dans la préservation de plusieurs espèces de poissons. La déforestation accélérera l’extinction de nombre d’espèces animales et végétales dont certaines sont déjà en voie de disparition.

 

Selon ce rapport, ces effets, dont l’ampleur est considérable, ne toucheront pas toutes les différentes régions du monde avec la même intensité. Ils seront beaucoup plus dramatiques pour l’Afrique et certaines régions pauvres de l’Asie. S’agissant de la région qui nous concerne, l’Afrique du nord, ce rapport prévoit des augmentations de température inimaginables. Elles pourraient atteindre 10 degré de plus que les températures les plus chaudes observées à ce jour. De telles vagues de chaleur auraient un effet ravageur sur les forets, l’agriculture et les ressources hydriques. Elles amplifieraient le phénomène de désertification que nous vivons déjà et provoqueraient une multitude de maladies tropicales.

 

Une fois exposés ces effets dignes des films d’horreur, la question importante qui se pose est : que faire pour épargner à  l’humanité  ce sort funeste? La réponse du GIEC est claire et sans appel : il faudrait réduire les émissions de CO2 qui sont les principaux responsables du réchauffement climatique. La solution existe donc ! Il suffit de l’appliquer. Plus facile à dire qu’à faire. La communauté internationale qui s’est saisie de ce dossier depuis la fin des années 1980, s’avoue impuissante pour prendre des actions concrètes dans ce sens (1). Le protocole de Kyoto et les nombreuses conférences internationales tenues sur ce sujet (Copenhague, Cancun, Durban…) ont toutes lamentablement échoué. Résultat : l’objectif de réduire en 2010 le niveau des émissions de 5% par rapport à 1990, a été totalement ignoré. A Durban, on s’est même entendu de ne s’entendre sur aucune limitation des émissions de CO2 jusqu’en 2020, au moins. Les émissions ne manqueront pas de repartir de plus belle à la hausse compte tenu des modes de développement adoptés aujourd’hui. L’exploitation des ressources énergétiques fossiles les plus polluantes a le vent en poupe. Le charbon, par exemple, reste promis à un bel avenir malgré son bilan carbone calamiteux. D’après l’Agence Internationale de l’Energie, plus du tiers des nouvelles centrales électriques qui seront construites d’ici à 2035 fonctionneront au charbon.

 

Devant une telle situation, on est en droit de se demander à quoi peut servir aujourd’hui la publication par la banque mondiale d’un rapport aussi alarmant ? A se donner bonne conscience. Peut être pas, si l’on se fie à la préface de ce rapport dans laquelle le Président de cette institution dit espérer que cela  «nous fasse un choc tel qu'il nous pousse à agir». Espérons surtout que cela provoquerait un électrochoc au niveau de l’opinion publique internationale, seule à même de pouvoir infléchir les politiques environnementales inconséquentes menées par les pays les plus puissants de ce monde.

 

 

 

(1)    Voir «le réchauffement climatique : un défi qui divise le nord et le sud», contribution du même auteur publiée dans le Soir d’Algérie du 29 mai 2012

 

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13 novembre 2012 2 13 /11 /novembre /2012 06:12

                                                      PRIX DU PETROLE ET DU GAZ : UNE REVOLUTION EN MARCHE?

 

                                                       (Article publié dans le quotidien le Soir d'Algérie du 12 novembre 2012)


Les prix du pétrole et du gaz ont, de tout temps, été très volatiles. Par le passé, cette volatilité résultait essentiellement de phénomènes conjoncturels.
C’est le cas, par exemple, des chocs pétroliers de 1973 et de 1979 qui se sont traduits par une hausse brutale des prix en raison de situations politiques internationales tendues. C’est aussi le cas de la hausse des prix de 2008 qui s’explique par un essoufflement de l’offre qui n’arrivait plus à répondre à une demande en pleine croissance. Ces dernières années, par contre, l’évolution des prix semble obéir à des causes d’une nature différente. Ces causes ne sont plus conjoncturelles, elles tendent à devenir plus structurelles. Elles sont liées notamment à l’augmentation importante et durable de l’offre et plus particulièrement à celle des gaz de schiste et, à un degré moindre, des pétroles non-conventionnels (pétrole de schiste, schistes bitumineux et biofuels). Ce nouveau contexte ne peut rester sans effet sur les prix du marché international. Il ne manquera pas de reconfigurer en profondeur le paysage pétrolier et gazier de demain.
Marché du gaz : surabondance durable de l’offre La production de gaz de schiste a connu un bond spectaculaire aux Etats-Unis.
En moins de 6 ans, elle est passée de pratiquement zéro à plus de 200 milliards de mètres cubes, soit plus du tiers de la production totale de ce pays. De ce fait, le marché américain, qui a longtemps été un des principaux débouchés du gaz, s’est brutalement fermé aux importations. Forts de leur nouveau statut de premier producteur mondial, les Etats-Unis ont même engagé des projets de construction d’usines de GNL pour devenir exportateur de gaz à court terme. D’autres pays ont aussi considérablement augmenté leur production ces dernières années. Il s’agit notamment du Qatar, dont la production a été multipliée par 7 entre 2000 et 2010 et de l’Australie dont les réserves énormes en gaz de houille (Coal Bed Methane ou CBM) en font désormais un grand pays gazier. L’Australie prévoit même de dépasser le niveau de production du Qatar vers 2017-2018. Cette forte croissance de la production a entraîné un excédent substantiel de l’offre par rapport à la demande. Ce surplus, estimé par l’Agence internationale de l’énergie à 200 milliards de mètres cubes en 2011, n’est pas conjoncturel. Il risque même de s’amplifier avec le lancement prochain de la production des gaz de schiste dans de nombreux pays. En Pologne, les travaux d’exploration-production sont en voie d’achèvement. La Chine, qui dispose des plus grandes réserves mondiales, vient, elle aussi, de lancer son deuxième appel d’offres pour l’exploitation de ses gigantesques gisements. D’autres pays, tels la France et le Royaume- Uni, dont les réserves sont aussi conséquentes, ne manqueront pas de mettre en valeur leurs gisements dès la mise au point de techniques d’exploitation plus respectueuses de l’environnement qui, compte tenu des enjeux, ne tarderont certainement pas à voir le jour.

Prix du gaz : un déclin annoncé !
Aux Etats-Unis, les prix du gaz ont déjà connu une chute vertigineuse. Ils ont même plongé à moins de 2 dollars/mmbtu en avril 2012, ce qui correspond, en termes d’équivalent énergie, au prix invraisemblable de 12 $ le baril de pétrole, soit près de 10 fois moins que le cours normal. Le marché américain s’est donc carrément effondré. Les autres principaux marchés consommateurs de gaz, à savoir ceux de l’Europe et de l’Asie, n’ont pas connu de baisse de prix aussi sensible. Il n’empêche que les prix moyens en vigueur sur ces marchés, de 9 dollars/mmbtu et 14 dollars/mmbtu respectivement, se situent à des niveaux inférieurs à ceux des cours indexés sur le pétrole. Le marché asiatique a le mieux résisté à cette tendance baissière en raison de la demande supplémentaire de gaz du Japon induite par la fermeture soudaine de ses 54 réacteurs nucléaires consécutivement à la catastrophe de Fukushima. Le remarquable différentiel de prix entre le marché américain et ceux de l’Asie et de l’Europe s’explique notamment par la «rigidité» du marché du gaz du fait des contraintes techniques que pose le transport de grandes quantités de gaz vers les marchés asiatiques et européens, souvent très éloignés des centres de production. Ces contraintes de transport sont en train d’être levées par l’arrivée massive de GNL qui est facilement transportable par navires. A eux seuls, le Qatar et l’Australie prévoient de commercialiser plus de 160 millions de tonnes/an de GNL à partir de 2017. Ces contraintes seront aussi naturellement levées avec la mise en production progressive des immenses réserves de gaz de schiste de l’Asie et de l’Europe. A moyen terme, le marché du gaz perdra donc de sa «rigidité». On assistera alors à l’émergence d’un large marché spot avec un prix de référence international. Le prix d’équilibre sera de moins en moins lié au rapport offre/demande en raison de l’abondance de l’offre. Il dépendra de plus en plus du seuil de rentabilité de la production des gaz de schiste. Au jour d’aujourd’hui, ce seuil est de l’ordre de 6-8 dollars/mmbtu.
Gaz algérien : l’atout de la géographie
Dans un marché où l’offre est abondante, la concurrence ne peut être que féroce. Les opérateurs qui garderont leurs positions, dans de bonnes conditions de rentabilité, seront ceux dont les coûts de production et de transport du gaz seront les plus compétitifs. Sur ce plan, l’Algérie a deux atouts majeurs à faire valoir. Le premier a trait aux réserves appréciables de notre pays en gaz conventionnel dont le coût de production est relativement très bas. Le second réside dans sa proximité géographique avec l’Europe qui lui permet d’acheminer son gaz sur ce marché fortement consommateur avec des coûts de transport parmi les plus bas au monde. Cet avantage devient même déterminant lorsqu’on utilise le mode de transport par gazoducs, substantiellement moins cher que l’autre forme de transport, à savoir le GNL. Ces deux atouts font que le coût rendu en Europe et plus particulièrement en Europe du Sud du gaz conventionnel algérien est très attractif. Ils plaident pour la mise en place, dans l’intérêt bien compris des pays des deux rives de la Méditerranée, d’un partenariat stratégique stable et durable dans le domaine gazier. Last but not least, la disponibilité d’énormes réserves nationales de gaz de schiste (16 000 milliards m3) devrait, même si leur exploitation se heurte aujourd’hui à de sérieuses contraintes environnementales et économiques, renforcer la position commerciale algérienne et rassurer nos clients sur notre capacité à garantir la sécurité de leur approvisionnement à très long terme. Malgré tous ces avantages, le gaz algérien reste quand même fortement concurrencé par le GNL en provenance du Qatar. Il est aussi, et surtout, menacé par la Russie qui pourrait, à travers son projet du pipeline «Southstream», inonder le marché de l’Europe du Sud dans des conditions économiques assez compétitives.
Marché du pétrole : l’empreinte américaine
Avec une consommation de pétrole de plus de 20% de la production du monde, les Etats-Unis devraient garder encore longtemps leur rang de premier importateur. Néanmoins, leurs importations ont continuellement régressé ces trois dernières années grâce à une politique énergétique active qui a permis une meilleure maîtrise de la demande et une plus grande pénétration de sources d’énergies alternatives telles les énergies renouvelables et les biofuels. L’autre raison de cette régression, toute aussi importante, n’est autre que la montée en production du pétrole de schiste (shale oil) dont l’exploitation a été rendue possible grâce aux techniques de fracturation hydraulique et de forage horizontal qui ont tant réussi aux gaz de schiste. Selon l’Agence américaine de l’information (EIA), la production américaine de ce type de pétrole a explosé ces deux dernières années pour atteindre un (1) million de barils par jour (voir figure ci-contre). Cet essor a déclenché une véritable ruée des investisseurs vers les Etats du Dakota et du Texas qui disposent des plus grandes réserves. Cet empressement ressemble à s’y méprendre à celui de la grande épopée des gaz de schiste des années 2000. Après le gaz pas cher, aura-t-on bientôt du pétrole bon marché ? C’est en tout cas ce que laissent entendre beaucoup d’analystes qui considèrent même que l’émergence du pétrole de schiste a déjà contribué à la stabilité, voire la baisse relative des prix constatée en 2011 et 2012. Selon ces analystes, le spectre du pétrole rare et cher que l’on prévoyait il y a à peine 2 ou 3 ans, n’est guère plus d’actualité. Les prix risquent même de s’effondrer si les Etats-Unis parvenaient à exploiter les schistes de pétroles (variété de schistes bitumineux à ne pas confondre avec le pétrole de schiste) dont les réserves sont estimées par certaines sources à plus de trois fois celles de l’Arabie saoudite. Bien que la production de ce type de pétrole soit aujourd’hui entravée par des problèmes d’environnement bien plus complexes que ceux des gaz de schiste, son exploitation à long terme n’est pas du tout exclue.
Conclusion
La révolution des gaz de schiste a déjà bien eu lieu. Elle a transformé le marché gazier international et marquera durablement de son sceau l’évolution future des prix du gaz. Quant à la révolution en cours des pétroles non-conventionnels, elle aura, si elle se concrétise, des conséquences autrement plus radicales. D’une situation de raréfaction prévisible de pétrole, on passerait progressivement à un «trop-plein» durable de cette ressource. Un tel contexte conduirait à la refondation de la nature même des échanges commerciaux internationaux dans le domaine énergétique. Il impacterait plus particulièrement les pays producteurs, et notamment ceux à revenus intermédiaires dont les économies risquent de subir un choc sans précédent

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11 octobre 2012 4 11 /10 /octobre /2012 20:18

 

Gaz d'échappement des véhicules diesel: classés hautement cancérigènes par l'OMS

(Article publié dans le quotidien d’Oran du 11 octobre 2012)

 

 

L'Organisation Mondiale de la Santé a publié le 12 juin dernier un communiqué dans lequel elle annonce qu'elle classe officiellement les émissions des gaz d'échappement des véhicules diesel dans la catégorie des produits cancérigènes (Groupe 1). Elle a pris cette décision à l'issue de la réunion tenue par l'Agence IARC (International Experts Agency for Research on Cancer).

Selon ce communiqué, les émissions des véhicules diesel, et plus particulièrement les particules de carbone qu'elles contiennent (PM10), constituent une cause directe des pathologies du cancer du poumon et représentent un facteur aggravant probable dans l'émergence des cancers de la vessie. Ce classement officiel des gaz émis par les véhicules diesel dans le Groupe 1 des produits cancérigènes vient, en fait, confirmer les nombreuses études réalisées depuis 1998, date à laquelle l'OMS avait déjà classé ces émissions comme produit probablement cancérigène (Groupe 2).

Le Dr Christopher Portier, Chairman du Groupe de Travail de IARC, a affirmé, qu'au plan scientifique, les preuves qui établissent le lien de causalité directe entre les émissions de diesel et le cancer du poumon sont tellement évidentes que la décision de l'IARC a été prise à l'unanimité de ses membres. Il a ajouté que ces résultats sont des données probantes qui devraient servir de base à l'établissement de réglementations appropriées tant au niveau national qu'au niveau international.

Dans les pays développés, le caractère cancérigène du diesel qui était connu depuis très longtemps, a déjà amené ces pays à mettre en place un dispositif réglementaire relativement strict. Ces pays ont notamment durci les spécifications de la qualité des carburants en réduisant drastiquement la teneur en soufre du diesel. Cette teneur en soufre a été ramenée à une concentration de moins de 5 parties par million (0,0001%) dans le but de diminuer la quantité de particules de carbone émises par les véhicules diesel. Depuis 2009, Ils ont aussi imposé une norme de pollution (euro 5) qui a obligé les constructeurs automobiles à développer des moteurs hautement performants et à équiper leurs véhicules de pots catalytiques et de filtres à particules très couteux. Ces mesures ont, certes, limité quelque peu les effets de la pollution. Elles sont, cependant, loin d'être suffisantes pour prémunir les populations contre les risques graves de l'exposition de l'homme, même à faible dose, aux particules de carbone. En France, où le taux de diésélisation du parc avoisine 60%, quelques 40.000 morts par an sont imputés aux émissions des particules de carbone. Cet état de fait a déjà amené la Commission de Bruxelles (CEE) à proposer le changement du système européen de la fiscalité pétrolière pour ralentir le phénomène de diésélisation (1).

Si dans les pays développés où, malgré tout cet arsenal réglementaire, le problème n'est pas encore maitrisé, que dire des pays en voie de développement qui utilisent encore des véhicules de technologie dépassée et qui ne disposent d'aucune règlementation en la matière. C'est probablement cette situation qui a amené le Dr Christopher Wild, Directeur, IARC, à mettre l'accent, dans sa déclaration, sur la nécessité de prendre des mesures au niveau mondial de façon à protéger toutes les populations y compris celles des pays en développement qui sont les plus vulnérables.

En Algérie, la consommation du diesel était, jusqu'à récemment encore, limitée aux véhicules lourds. Malheureusement, depuis les années 2000, le parc des véhicules de tourisme, principale source de pollution urbaine, s'est diéselisé à un rythme très élevé (voir figure 1). Cette diésélisation résulte notamment d'une réglementation technique et fiscale très avantageuse. Ce cadre règlementaire est incompréhensible car le carburant diesel est beaucoup plus couteux, non disponible localement en quantité suffisante et, surtout, il est fortement polluant et provoque des maladies très graves comme le cancer des poumons.

La révision de la réglementation et de la fiscalité actuelles en vue d'inverser cette tendance à la diésélisation et de favoriser le développement et la généralisation des carburants gazeux (GPLC et GNC), mieux adaptés aux conditions spécifiques de notre pays, s'impose plus que jamais. L'adoption des normes de pollution automobile en vigueur au plan international (i.e. Euro 5), s'avère tout autant nécessaire.

 

(1) «L'industrie automobile, cap sur les véhicules décarbonés» : contribution du même auteur publiée dans le Soir d'Algérie du 04 avril 2012

 

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15 septembre 2012 6 15 /09 /septembre /2012 19:21

Le GPL Carburant, quelle place dans le modèle national de consommation des carburants routiers ?

                                    (publié sur le portail du CDER le Jeudi 13 septembre 2012)

 

La consommation nationale des carburants routiers dépasse 12 millions de tonnes par an. Elle représente un marché de plus de 15 milliards de dollars US soit plus de 20 % de la totalité de nos revenus d’exportation des hydrocarbures liquides et gazeux. L’importance de ce marché, tant en termes physique que financier, pose avec acuité la question fondamentale du choix du modèle national de consommation et, plus particulièrement, de la place que doivent occuper les carburants gazeux et notamment le GPL Carburant, plus économique et plus disponible localement, dans la consommation globale des carburants routiers. Avant de répondre à cette question, voyons d’abord quelles sont les caractéristiques techniques du GPL Carburant..

 

Carburation au GPL : une technologie maitrisée dans le monde et en Algérie

L’utilisation du GPL comme carburant moteur est une technologie qui a fait ses preuves au niveau mondial depuis plus de 40 ans. Le parc de véhicules roulant au GPLC, qui comprenait 7 millions d’unités en 2000, est passé à plus de 15 millions aujourd’hui avec un accroissement annuel de l’ordre de 1,5 million de véhicules..

En Algérie, l’introduction sur le marché du GPLC dès le début des années 1980 a permis la maitrise de cette technologie par nos opérateurs et a notamment démontré que ce type de carburation ne posait aucun problème de sécurité puisque durant tout cette période aucun incident notable n’a été enregistré..

Au plan technique, Le GPL est un carburant de bien meilleure qualité que les carburants classiques. L’homogénéité du GPLC, son haut pouvoir calorifique et son indice d’octane élevé, assurent une combustion moteur beaucoup plus complète que dans le cas de l’essence ou du gasoil ce qui se traduit par un meilleur rendement énergétique. L’absence d’impuretés dans le GPLC réduit sensiblement l’encrassement du moteur qui se produit dans le cas de la carburation essence ou gasoil en raison du dépôt de calamine au niveau des injecteurs et dans la chambre de combustion. Enfin, La nature gazeuse du GPLC évite la dilution des lubrifiants au niveau des parois des cylindres assurant ainsi une meilleure lubrification qui permet de réduire sensiblement l’usure du moteur et notamment celle des chemises, des cylindres, des pistons et des segments. A ce propos, il faut noter que le problème de l’usure prématurée des soupapes constatée auparavant sur certains vieux modèles de véhicules fonctionnant au GPL, a été définitivement réglé par l’utilisation de matériaux plus adaptés dans les moteurs modernes..

Au plan environnemental, tous les essais menés par les laboratoires spécialisés montrent, sans conteste possible, que le GPL est un carburant beaucoup plus écologique que l’essence et le gasoil. La généralisation de sa consommation ne manquera pas de contribuer à l’amélioration significative de la qualité de l’air notamment dans nos grands centres urbains où la pollution commence à poser un sérieux problème de santé publique. Il faut enfin noter que la qualité environnementale du GPLC est telle que, contrairement aux carburants classiques distribués actuellement en Algérie, il peut être utilisé dans les moteurs de dernière génération répondant aux normes internationales de pollution les plus strictes et les plus récentes. Le GPLC peut, par exemple, être utilisé dans les véhicules construits selon les normes EURO 5 alors que l’essence plombée et le gasoil ne peuvent, sous peine d’endommagement du véhicule, être utilisés que dans les véhicules répondant, au plus, aux normes EURO 2-3..

 

Marché national des carburants : constitué de 75% de gasoil et de moins de ... 3% de GPLC

Les carburants routiers distribués sur le marché national comprennent 3 types d’essence (essence normale, essence super et essence sans plomb), le gasoil et le GPL carburant (sirghaz)..

Selon les données publiques disponibles, la consommation de gasoil constitue à elle seule prés de 75% du mix des carburants routiers soit pour l’année 2011 prés de 9.000.000 tonnes. Cette consommation, qui croit à un taux à deux chiffres, atteindra selon les mêmes sources entre 14 et 17 millions de tonnes en 2019. Cette véritable explosion de la demande du gasoil s’explique non seulement par le développement économique du pays dont il faut bien évidemment se féliciter, mais également et surtout en raison de la diésélisation rapide du parc des véhicules particuliers qui est passé de moins de 100.000 unités en 1997 à plus 500.000 unités en 2009..

Les essences, qui représentaient 33% du mix des carburants routiers en 2000, ont vu leur part régresser progressivement pour atteindre 23% en 2011, soit environ 3.000.000 tonnes. La part des essences dans le mix des carburants continuera, selon ces données, à baisser dans les années à venir..

Quand à la consommation de GPL Carburant, elle ne représente que 3% du mix carburants et stagne autour d’environ 350.000 tonnes depuis 2004-2005. En termes relatifs, on constate donc une régression notable du marché du GPL Carburant puisque la part de ce produit dans la consommation globale ne cesse de diminuer..

Enfin, l’utilisation du gaz naturel carburant, sous la forme de gaz naturel comprimé (GNC), demeure encore au stade d’expérimentation bien que la mise sur le marché, à titre d’essai, du premier bus fonctionnant au GNC à Alger remonte à la fin des années 1980.

 Ce bref rappel de la structure du marché intérieur des carburants routiers montre clairement que la consommation du GPL Carburant demeure marginale malgré tous les avantages technique et économique et surtout malgré sa très grande disponibilité au niveau national. Par contre, la consommation de gasoil ne cesse de croître à un rythme très élevé alors que la production nationale, de l’ordre de 7.000.000 tonnes/an, ne répond plus à la demande qui n’est déjà satisfaite, en partie, que grâce à l’importation. En 2009, par exemple, notre pays a importé plus de 500.000 tonnes de gasoil pour un coût dépassant 400 millions de dollars US..

Privilégier davantage le gasoil, comme c’est le cas dans le modèle de consommation actuel n’est donc en adéquation ni avec le schéma de production de l’aval pétrolier Algérien ni, encore moins, avec la typologie des ressources nationales en hydrocarbures qui se caractérise par des réserves beaucoup plus élevées en gaz ( 50 ans pour le gaz contre 16 ans pour le pétrole). Dans ce modèle « extraverti », l’importation du gasoil, qui ira crescendo dans les prochaines années, ne pourra pas être évitée, comme on pourrait le penser, par l’augmentation de la capacité nationale de l’outil de raffinage. En effet, la réalisation de nouvelles raffineries ne fera que déplacer, voire aggraver, le problème en remplaçant l’importation de produits raffinés par l’importation de pétrole brut qui sera rendu nécessaire vu que nos réserves pétrolières, relativement réduites , ne peuvent assurer l’approvisionnement de ces nouvelles raffineries sur le long terme..

 

Fiscalité : un handicap majeur pour la promotion du GPLC

Les dernières mesures d’allégement fiscal mises en place par le secteur de l’énergie pour la promotion de l’utilisation du GPL carburant remontent aux années 1980-1990. Ces mesures ont été très efficaces jusqu’au milieu des années 2000 qui ont vu la consommation du GPL Carburant atteindre plus de 300.000 tonnes. La stagnation de la consommation de ce carburant, depuis l’année 2005, montre clairement que ces mesures, essentiellement l’application d’un taux réduit de TVA, ne sont plus opérantes aujourd’hui..

Au contraire, tant le régime fiscal que le système des prix régulés à la pompe ont incontestablement favorisé la diésélisation du parc des véhicules particuliers et par voie de conséquence la promotion de l’utilisation du gasoil au détriment de celle du GPL Carburant.. A titre d’exemple, le barème des droits de douanes et de la TVA, déterminant dans la formation des prix des véhicules, prévoit l’application de mêmes taux d’imposition tant aux véhicules diesel de grosses cylindrées, y compris beaucoup de 4X4, qu’à la plus petite des berlines à essence. La formule de calcul de la puissance fiscale des véhicules, qui conditionne les montants de la vignette et de l’assurance automobile, est, elle, complètement anachronique. Elle classe des véhicules diesel haut de gamme HDI 2 litres dans la catégorie 4 CV alors que le même modèle en version essence est classé en 8 CV. Même la TVN (taxe sur véhicules neufs), censée différencier entre les deux types de motorisation, est, en réalité, d’un niveau similaire pour tous les véhicules de cylindrée inférieure ou égale à 2500cc soit la quasi-totalité du parc ; elle n’est en défaveur du diesel que pour les cylindrées supérieures à 2500cc (sic).. Outre la fiscalité, Le système des prix régulés favorise également le diesel au détriment du GPL carburant. Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, ce systeme fixe le prix du gasoil au même niveau que celui GPL Carburant en termes d’énergie équivalent. Si l’on prend en compte les pouvoirs calorifiques du gasoil et du GPL qui sont respectivement de 43 et 46 millions de joules par kilogramme, les prix à la pompe du GPL Carburant et du gasoil sont, en effet, identiques et tous deux égaux à 0,38 DA/ million de joules..

 

Que faire pour La généralisation de l’utilisation du GPLC ?.

La question de l’opportunité de promouvoir l’utilisation du GPL Carburant fait consensus au niveau de tous les acteurs concernés et notamment du département de l’énergie qui réaffirme, dans toutes les occasions, que la promotion et la généralisation de l’utilisation du GPL Carburant constitue un axe stratégique de la politique énergétique nationale.. Force est cependant de constater que les mesures concrètes déjà prises dans ce sens ne permettent plus d’assurer un véritable décollage de la consommation de ce carburant.. Des mesures décisives s‘avèrent donc indispensables pour atteindre cet objectif et l’une des solutions qui nous semble la plus appropriée serait de :

 1)Diminuer la nouvelle taxe sur véhicules neufs prévue par la loi de finances 2008 d’un montant égal au coût de la conversion au GPLC, 35.000 DA en moyenne, de sorte que le prix du véhicule neuf converti au GPLC soit tout simplement vendu à un prix égal à celui du véhicule à essence non converti,

 2)Rétablir le crédit à la consommation (prêt bancaire) uniquement pour les véhicules convertis au GPLC,

3)Prévoir, par un dispositif réglementaire approprié, l’obligation des concessionnaires de proposer à la vente au public des véhicules convertis au GPLC, en grand nombre, selon un programme qui tienne compte des possibilités nationales de conversion..

Ces mesures peuvent paraître extrêmes ou trop directives ; elles n’ont en fait rien d’exceptionnelles et ont été expérimentées à maintes reprises et avec succès sous d’autres cieux. Ainsi, et à titre d’exemple, des bonus sont consentis dans plusieurs pays européens et aux Etats unis pour encourager l’achat de véhicules peu consommateurs d’énergie ou utilisant un carburant propre. Ces bonus peuvent atteindre, comme dans le cas de l’achat en France de véhicules convertis au GPL Carburant, la somme de 2000 euros par véhicule soit un montant sept (7) fois plus élevé que l’abattement fiscal préconisé dans notre proposition (35.000 DA)..

De même, demander aux concessionnaires de participer à l’effort national de conversion des véhicules et s’inscrire ainsi dans une politique de consommation d’énergie spécifique ne constitue pas une nouveauté. Aux Etats-Unis, par exemple, la loi dite EPCA (Energy Policy and Conservation Act) oblige, depuis le début des années 1970, tous les constructeurs et importateurs de véhicules à ne mettre sur le marché américain que des véhicules ne dépassant pas une limite maximale de consommation de carburants sous peine de sanction financière et de poursuites pénales..

Bien évidemment, pour être réalisable, le programme de conversion devra tenir compte des capacités techniques nationales et être préparé en concertation avec l’ensemble des intervenants et notamment des concessionnaires ainsi que des sociétés de conversion qui agiraient en qualité de sous traitants pour le compte de ces concessionnaires.. De notre point de vue, ce programme devrait prévoir la conversion de 25 à 30% des véhicules à essences neufs vendus sur le marché national dès la première année du lancement de ce programme et atteindre, progressivement, 100% du marché soit environ 250.000 à 300.000 véhicules par an dans un délai de 3 ou 4 années..

Un tel programme de conversion, en apparence ambitieux, est cependant parfaitement réalisable au vu du vaste réseau d’installateurs agréés riches d’une expertise acquise depuis plus de 20 ans et dont le nombre dépasse la trentaine aujourd’hui. Il n’est en rien utopique si l’on se base sur l’expérience internationale dans le domaine. Par exemple , la Turquie a réussi à convertir près de 1 million de véhicules en 3 années (1998-2000), la Corée du sud en a convertis 1 million entre 1999 et 2001 et plus récemment encore, la Pologne est passée au premier rang mondial en termes de parc GPLC avec la conversion entre 2001 et 2005 de plus de 1,5 millions de véhicules.. Ces quelques exemples montrent que la conversion en Algérie, dans un délai de 4 ans, de quelques 250.000 - 300.000 véhicules par an ne devrait pas poser problème pour peu que l’ensemble des acteurs concernés mobilisent leurs moyens et conjuguent leurs efforts à cet effet.. L’application de ce programme permettra d’augmenter sensiblement la consommation du GPL carburant qui passerait de 350.000 tonnes/an aujourd’hui à plus de 1 million de tonnes dès 2015..

 

Rentabilité : Un gain financier substantiel au niveau macro-économique

Au plan macro-économique, la carburation au GPLC permet de dégager un gain financier appréciable comparativement à l’utilisation des essences et du gasoil. Sur la base des cours pétroliers internationaux moyens de l’année 2009 compilés par l’U.S Energy Information Agency (EIA) et compte tenu d’une consommation moyenne de 8,5 litres/100 km pour les moteurs à essence, de 10,20 litres/100km pour le GPLC (20% de plus que l’essence) et de 6,5 litres/100 km pour le moteur diesel, le coût annuel du carburant pour un véhicule utilisant le GPLC, qui est évaluée à 730 US$, est beaucoup plus bas que ceux des véhicules diesel ( 870 US$) ou à essences (1090 US$).. Le gain sur le coût de la carburation au GPLC, par rapport aux essences, est ainsi de 360 US$ par véhicule et par an.. Ce gain assurera le remboursement de l’abattement fiscal consenti pour assurer la gratuité de la conversion des véhicules au GPL C en moins de 2 ans et permettra, par la suite, d’engranger des économies substantielles de devises pour le pays..

Cette rentabilité économique de la carburation au GPL est principalement due au haut pouvoir calorifique de ce produit qui assure un meilleur rendement énergétique du moteur et par voie de conséquence une réduction sensible des quantités de carburant consommées. Ainsi, la consommation en 2009 de 350.000 tonnes de GPLC, équivalente en termes d’énergie à une quantité de 430.000 tonnes d’essence, aurait permis une économie sur la facture énergétique de notre pays de plus de 100 millions de dollars. Ce gain sera autrement plus élevé lorsque le niveau de consommation de GPLC atteindra et dépassera les 1.000.000 tonnes/an..

 

Conclusion

le GPLC, en raison des innombrables avantages technique, écologique et économique qu’il présente, constitue le carburant idéal pour le parc des véhicules particuliers et devrait, à ce titre, occuper une place de choix dans le modèle national de consommation des carburants routiers.. La généralisation de son utilisation se justifie également par les changements majeurs intervenus sur la scène énergétique mondiale dont notamment la raréfaction prévisible du pétrole, qu’il faudrait donc préserver en lui substituant les carburants gazeux, et l’apparition sur le marché d’importantes quantités de gaz non conventionnels qui se traduit par une baisse structurelle des prix du gaz qu’il serait ainsi plus profitable d’utiliser localement.. Le gaz naturel carburant, qui est un autre carburant gazeux présentant des caractéristiques technique et économique similaires à elles du GPLC, mérite également de bénéficier d’un programme spécial à même d’en promouvoir l’utilisation notamment pour certaines flottes captives tels les moyens de transports urbains et universitaires.. Enfin, à plus long terme, l’électricité d’origine renouvelable sera un carburant incontournable que notre pays ne pourra ignorer.. Salah Azzoug, Ingénieur en Raffinage et Pétrochimie, http://portail.cder.dz.

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11 juin 2012 1 11 /06 /juin /2012 14:20

 

Selon le classement publié par l’Organisation Mondiale de la Santé en septembre 2011, Alger figure à la 846ème place des villes les plus polluées en particules de carbone (PM 10). Ce classement, qui porte sur 1083 villes et 91 pays, place la ville iranienne d’Ahwaz en dernière position. Les 50 premières places du classement sont toutes occupées par des villes canadiennes et américaines où les normes de pollution sont  les plus strictes. Sur l’ensemble des villes classées, moins de 500 se conforment aux normes de l’OMS qui  fixent la teneur maximale admissible en particules dans l’air à 20 microgrammes/M3. En Afrique, seule la ville de Port Louis (Ile Maurice) respecte cette norme. Alger, avec 42 microgrammes/M3, présente une teneur deux fois plus élevée que la norme recommandée.

 
Dans son communiqué de presse annonçant la publication de ce classement, l’OMS alerte sur la grande dangerosité que représentent les particules de carbone pour la santé humaine. Pour l’année 2008, elle estime que 1,34 millions de personnes sont mortes prématurément des suites de maladies cardiovasculaires, de problèmes respiratoires aigus et de cancers du poumon provoqués par la pollution de l’air. 1 million de ces décès aurait été, toujours selon l’OMS, évité si les normes recommandées avaient été respectées. L’OMS précise aussi, qu’en milieu urbain, les particules de carbone proviennent principalement des transports routiers, des unités industrielles utilisant le charbon et la biomasse comme source d’énergie et de la combustion du bois pour les besoins domestiques.
Dans le cas de la ville d’Alger, où il n’y a ni unités industrielles utilisant le charbon ou la biomasse, ni consommation de bois, tout semble indiquer que la présence de ces particules provient essentiellement des gaz d’échappement des véhicules. La lutte contre ce type de pollution, en vue du respect de la norme de l’OMS, requiert donc l’application de normes de pollution des véhicules plus en rapport avec les standards internationaux (i.e. Euro 5), l’inflexion de la tendance actuelle à la diésélisation du parc des véhicules et, surtout, la promotion et le développement de l’utilisation intensive des transports publics. Concernant ce dernier point, la décision de fixer le prix du ticket du métro d’Alger à 50 DA, qui semble être définitive selon certaines déclarations parues récemment dans la presse nationale, ne va certainement pas dans la bonne direction. Le maintien de ce niveau de prix, relativement élevé, ne peut, à notre avis, se justifier ni au plan de la protection de l’environnement ni, encore moins, au plan macro-économique. Il ne manquera pas d’accentuer la désaffection, déjà perceptible, du public pour ce mode de transport moderne. Plus grave, il encouragera le recours à l’utilisation des véhicules automobiles qui, faut-il le rappeler, auront coûté, pour la seule année 2011, la bagatelle de 10 milliards de dollars (5 milliards pour les véhicules et 5 milliards pour la consommation de carburants, sans compter les coûts des pièces de rechange, lubrifiants etc…). En somme, de telles mesures risquent de  réduire à néant les efforts louables consentis par l’Etat pour la promotion des transports collectifs massifs (train, tramway et métro) auxquels un budget d’investissement conséquent est, à juste titre, consacré.

Par Salah AZZOUG

Ingénieur en Raffinage et Pétrochimie

azzoug_s@yahoo.com

 



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11 juin 2012 1 11 /06 /juin /2012 14:11

                                                     La pollution de la ville d’Alger et ... le prix du ticket de métro

                                              (Article publié dans le quotidien Algérien le Soir d'Algérie du 11 juin 2012)

 

Selon le classement publié par l’Organisation mondiale de la santé en septembre 2011, Alger figure à la 846e place des villes les plus polluées en particules de carbone (PM 10).

Ce classement, qui porte sur 1083 villes de 91 pays, place la ville iranienne d’Ahwaz en dernière position. Les 50 premières places du classement sont toutes occupées par des villes canadiennes et américaines où les normes de pollution sont les plus strictes. Sur l’ensemble des villes classées, moins de 500 se conforment aux normes de l’OMS qui fixe la teneur maximale en particules dans l’air à 20 microgrammes/ m3.

En Afrique, seule la ville de Port-Louis (Ile Maurice) respecte cette norme. Alger, avec 42 microgrammes/ m3, présente une teneur deux fois plus élevée que la norme recommandée.

Dans son communiqué de presse annonçant la publication de ce classement, l’OMS alerte sur la grande dangerosité que représentent les particules de carbone pour la santé humaine. Pour l’année 2008, elle estime que 1,34 million de personnes sont mortes prématurément des suites de maladies cardiovasculaires, de problèmes respiratoires aigus et de cancers des poumons provoqués par la pollution de l’air. 1 million de ces décès aurait été, toujours selon l’OMS, évité, si les normes recommandées avaient été respectées.

L’OMS précise aussi, qu’en milieu urbain, les particules de carbone proviennent principalement des transports routiers, des unités industrielles utilisant le charbon et la biomasse comme source d’énergie et de la combustion du bois pour les besoins domestiques.

Dans le cas de la ville d’Alger, où il n’y a ni unités industrielles utilisant le charbon ou la biomasse ni consommation de bois, tout semble indiquer que la présence de ces particules provient essentiellement des gaz d’échappement des véhicules. La lutte contre ce type de pollution, en vue du respect de la norme de l’OMS, requiert donc l’application de normes de pollution des véhicules plus en rapport avec les standards internationaux (i.e. Euro 5), l’inflexion de la tendance actuelle à la diésélisation du parc des véhicules et, surtout, la promotion et le développement de l’utilisation intensive des transports publics. Concernant ce dernier point, la décision de fixer le prix du ticket du métro d’Alger à 50 DA, qui semble être définitive, selon certaines déclarations parues récemment dans la presse nationale, ne va certainement pas dans la bonne direction.

Le maintien de ce niveau de prix, relativement élevé, ne peut, à notre avis, se justifier ni au plan de la protection de l’environnement ni, encore moins, au plan macroéconomique. Il ne manquera pas d’accentuer la désaffection, déjà perceptible, du public pour ce mode de transport moderne. Plus grave, il encouragera le recours à l’utilisation des véhicules automobiles qui, faut-il le rappeler, auraient coûté, pour la seule année 2011, la bagatelle de 10 milliards de dollars (5 milliards pour les véhicules et 5 milliards pour la consommation de carburants, sans compter les coûts des pièces de rechange, lubrifiants…). En somme, de telles mesures risquent de réduire à néant les efforts louables consentis par l’Etat pour la promotion des transports collectifs massifs (train, tramway et métro) auxquels un budget d’investissement conséquent est, à juste titre, consacré.

 

Par Salah Azzoug
Ingénieur en raffinage et pétrochimie
azzoug_s@yahoo.com


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30 mai 2012 3 30 /05 /mai /2012 16:41

Par Salah AZZOUG*

*Ingénieur en Raffinage et Pétrochimie

azzoug_s@yahoo.com

 

Le réchauffement climatique constitue un des défis majeurs de notre siècle. Son importance est telle que les Nations Unies ont décidé d’adopter, dès le premier  sommet de la terre tenu à  Rio en 1992, une convention dénommée CNNUCC (Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques) pour prendre les actions nécessaires pour lutter contre ce phénomène qui menace l’humanité toute entière. Vingt ans après, cette question, pourtant d’une extrême gravité, demeure toujours sans réponse. Les émissions des gaz à effets de serre (GES) ne cessent de croitre en dépit des désastres que cela engendre et malgré les nombreuses mises en garde des organismes et institutions internationales de protection de l’environnement.

A quelques jours du  prochain sommet de la terre (Rio+20), qui se tiendra du 10 au 12 juin au Brésil, il nous a paru utile de rappeler aux lecteurs les enjeux du réchauffement climatique et d’analyser les raisons et les conséquences de l’échec actuel de la communauté internationale sur ce sujet.

 

Réchauffement climatique : les pays du sud plus durement touchés

Selon le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), mis en place en 1988 par les Nations Unies, le réchauffement climatique est une conséquence directe de l’augmentation de la concentration, dans l’atmosphère, des gaz à effet de serre et notamment du C02. Ces gaz sont d’origine anthropique, c’est-à-dire liés aux activités de l’homme et plus particulièrement à sa consommation immodérée d’énergies fossiles polluantes tels le charbon et le pétrole.

Malgré les objections de certains « climato-sceptiques», le phénomène du réchauffement climatique est un fait avéré. Il a été mesuré par l’Organisation météorologique mondiale (OMM)  selon laquelle la décennie 2001-2011 a été «la plus chaude jamais observée sur tous les continents du globe». Ses effets sont tout autant nombreux que cataclysmiques.  Il provoque la fonte des glaciers de l’arctique (voir figure 1) et l’élévation du niveau des océans qui, à terme, entraineront la disparition de certaines régions du monde comme les iles Maldives. D’autres iles, à l’image de l’ile de Lohachara (Inde) disparue en 2006, ont déjà été rayées de la carte. De nombreuses régions continentales sont également menacées. C’est le cas notamment des Pays bas et du Bangladesh.

Le réchauffement climatique accélère la désertification des terres, réduit les rendements agricoles, et provoque un déséquilibre hydrique. Il favorise aussi l’émergence de nombreuses maladies telles les pathologies cardiovasculaires, les cancers et les maladies dues à certains parasites et autres allergènes.

Ces effets, qui n’épargnent ni l’homme, ni la faune ni la flore, ne frappent pas toutes les régions du globe avec la même intensité. D’après le GIEC, l'Afrique, l’Asie et les zones insulaires seront les plus durement touchées. La malnutrition et autres catastrophes naturelles aggraveront donc, encore plus, la situation déjà précaire que vivent les populations de ces régions.  Un déplacement massif de réfugiés «climatiques» est prévu par de nombreux organismes. Les Nations Unies estiment ce flux migratoire à plus de 250 millions de personnes d’ici 2050; certaines ONG l’évaluent à un milliard.

Protocole de Kyoto : un accord «historique» non appliqué

Le protocole de Kyoto a été signé au Japon le 11 décembre 1997 et mis  en vigueur le 16 février 2005. Les dispositions principales de ce protocole fixent un objectif de réduction des émissions globales de GES de 5,2% en 2012, par rapport à 1990. Elles définissent aussi le taux de diminution des émissions de GES de tous les pays industrialisés (pays dits de l’annexe I). Ce protocole a été qualifié d’historique par de nombreux observateurs pour plusieurs raisons. D’abord, c’est le premier accord qui arrête des mesures quantifiées pour contenir le réchauffement climatique. Ensuite et surtout, parceque les pays industrialisés, qui sont responsables de plus de 70% des GES émis depuis le début de la révolution industrielle, ont reconnu, pour la première fois, leur responsabilité directe dans ce phénomène. Ces pays se sont même engagés, sous peine de sanctions, à limiter leurs émissions de GES, sans astreindre les pays émergents et ceux en voie de développement à une quelconque restriction. C’est le principe de la responsabilité différenciée. Son application a constitué une grande avancée, peut être même une première, dans les relations internationales. Trop beau pour être vrai, ce protocole n’a pas été, malheureusement,  suivi d’effets. Résultat : les émissions de GES, qui devaient diminuer, se sont fortement accrues. A titre d’exemple, les émissions des Etats Unis, qui représentent 25% des émissions mondiales, ont encore augmenté de 10,5% selon le rapport publié le 15 avril dernier par l’agence américaine de protection de l’environnement (EPA). Ceci est également le cas des autres pays industrialisés. Autre fait sans précédent, le Canada, qui encourait de lourdes sanctions financières du fait du large dépassement de son quota d’émission, s’est tout simplement retiré du protocole de Kyoto qu’il a pourtant ratifié.

 Conférence  de  Copenhague :  Remise  en  cause  du  principe de la

 

 responsabilité différenciée

Devant le bilan décevant du protocole de Kyoto, tous les espoirs se sont reportés sur la conférence de Copenhague qui s’est tenue du 7 au 18 décembre 2009 au Danemark. L’objectif fixé à cette conférence était des plus ambitieux.  Il consistait à prendre les actions  nécessaires pour limiter l’élévation de la température de la planète à moins de 2°C d’ici 2050. Ce seuil critique, fixé par le GIEC, se devait d’être respecté pour éviter les effets catastrophiques du réchauffement climatique. Cette conférence a bien commencé. Elle a regroupé plus d’une centaine de chefs d’états et de gouvernements et connu une participation record de prés de 20.000 participants.

Au bout de 10 jours d’intenses négociations, qui ont tenu en haleine le monde entier grâce à une couverture médiatique exceptionnelle, il fallait se rendre à l’evidence. Cette conférence a été un fiasco. Le pseudo accord qui a été finalement convenu ne fait que réitérer la nécessité de contenir l’augmentation de température à 2°C sans fixer aucune mesure pour y parvenir. On s’est contenté de demander aux parties de «faire de leur mieux» sans aucun engagement contraignant. Cet échec est dû essentiellement à la remise en cause du principe de responsabilité différenciée par les pays industrialisés. Ceux ci ne voulaient plus être les seuls à limiter leurs émissions. Ils proposaient d’étendre les mêmes mesures aux autres pays. L’ère du pollueur payeur est donc révolue. Le seul point positif de cette conférence a été la promesse de la création d'un fonds vert pour le climat, d’un montant de 100 milliards à l’horizon 2020, destiné à aider les pays en développement à s'adapter à l’impact du dérèglement climatique et lutter contre la déforestation. Même cette mesure, minimaliste, semble remise en cause, puisque le comité chargé de lever ces fonds n’a pas été encore installé.

Conférence de Durban : un échec lourd de conséquences

Mal partie après les déboires de Kyoto et de Copenhague, la conférence de Durban, tenue du 28 novembre  au 9 décembre 2011 en Afrique du Sud, était présentée comme celle de la dernière chance. C’était, en effet, la dernière occasion pour mettre en place un instrument juridique de lutte contre le réchauffement climatique, en remplacement du protocole de Kyoto qui expirera fin 2012.

Comme dans les précédentes conférences, toutes les parties soulignent la gravité de la situation mais n’arrivent pas à s’entendre sur ce qu’il faut faire. Faute de solution, il a été finalement décidé de reporter la date d’un éventuel accord pour 2015 avec une entrée en vigueur en 2020. Autrement dit, Il n’y aura aucun accord et, bien évidemment, aucune restriction formelle des émissions de GES durant la période 2013 - 2020. Compte tenu de cette situation, le respect du seuil critique de limitation de la température de la planète exigera un rythme de réduction des GES encore plus élevé (4% par an) à partir de 2020. Ce taux est jugé tout simplement inatteignable par de nombreux spécialistes. Autant donc dire que l’échec de Durban a placé la planète terre sur une orbite de réchauffement irréversible aux conséquences gravissimes.

Conclusion

La question du réchauffement climatique confirme, si besoin est, que les relations et les accords internationaux sont régis par les seuls intérêts partisans. La notion d’intérêt commun, quand bien même il s’agit d’une question essentielle pour toute l’humanité, passe au second plan. Dans ces conditions, il ne reste plus qu’à espérer que les climato-sceptiques, c’est à dire ceux qui croient que le réchauffement climatique n’est pas dû aux émissions de GES d’origine anthropique, aient raison. Autrement, l’avenir des futures générations, surtout celles des pays du sud qui seront les plus affectées, n’est pas enviable. Pour ne pas terminer sur une note pessimiste, formons le vœu pour un sursaut salutaire de la communauté internationale sur ce sujet

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4 avril 2012 3 04 /04 /avril /2012 22:33

                                                                              INDUSTRIE AUTOMOBILE

                                                              CAP SUE LES VEHICULES DECARBONES 

                                        ( article publié sur le quotidien Algérien "le Soir d'Algérie" du 4 avril 2012

 

L’industrie automobile est probablement le secteur qui a connu le plus bel essor économique depuis le début de la révolution industrielle. Elle emploie aujourd’hui plus de 50 millions de personnes et engrange un chiffre d’affaires annuel de l’ordre de 2 000 milliards de dollars.
Ce développement, qui n’a été ralenti par aucune crise économique, y compris celle de 2008, a apporté bien-être, confort et mobilité à notre société moderne. Revers de la médaille, il a aussi généré des problèmes majeurs de pollution et une surconsommation de carburants qui a conduit à l’accélération de l’épuisement des réserves pétrolières mondiales. La croissance du parc automobile, qui atteindra 1,6 milliard de véhicules en 2030, aggravera davantage ces problèmes. Pour y faire face, l’industrie automobile mise sur les véhicules qui émettent peu ou pas de polluants et consomment moins de carburant : ce sont les véhicules décarbonés et les véhicules à faible intensité carbonique.

 

Véhicules électriques : des perspectives prometteuses
Le véhicule électrique a déjà connu ses «heures de gloire» à la fin du XIXe siècle. A cette époque, 1850-1900, il représentait plus de 50% du marché mondial de l’automobile. Le mode de propulsion électrique a été, par la suite, complètement abandonné au profit des moteurs thermiques en raison, notamment, de l’abondance du pétrole. Ironie de l’histoire, c’est le spectre de la raréfaction du pétrole, qui est, en grande partie, à l’origine du regain d’intérêt que l’on connaît aujourd’hui pour le véhicule électrique. Ces dernières années, tous les constructeurs automobiles se sont lancés, avec toutes leurs forces, dans l’aventure de l’électrique. Selon les données publiées par l’AIE (voir figure 1), les prévisions de vente des véhicules électriques, de moins de 500 000 unités aujourd’hui, passeront à plus de 8 millions en 2020 et pourraient représenter, d’après certaines sources, 50% de parts de marché en 2050. Ce véritable engouement s’explique par les nombreux atouts des véhicules électriques. Ils présentent notamment un rendement énergétique (70%) trois fois plus élevé que celui des véhicules conventionnels (20%). Ils ne génèrent surtout aucune émission directe de polluants ou de gaz à effet de serre. Même en tenant compte de la pollution des centrales de production électrique, le bilan carbone reste largement favorable à la motorisation électrique. Le développement des véhicules électriques est, cependant, tributaire du règlement du problème de l’autonomie des batteries qui est, aujourd’hui, inférieure à 200 km. Pour y remédier, des budgets immenses sont consacrés à la R&D avec pour objectif la mise au point, avant 2020, de batteries d’une autonomie acceptable (400- 600 km). Quant au coût, autre handicap du véhicule électrique, une étude publiée par le Commissariat français au développement durable estime, qu’en termes de coût total de possession intégrant tous les coûts d’achat et d’entretien, le véhicule électrique sera compétitif dès 2020. Le développement des véhicules électriques bénéficie aussi d’importantes subventions des Etats. Dans certains pays tels le Japon, la Chine, la France et la Grande-Bretagne, des bonus variant de 5 000 à 11 000 euros sont accordés au public lors de l’achat d’un véhicule électrique. Aux Etats-Unis, le gouvernement fédéral a récemment publié un rapport qui recommande d’instituer un bonus de 7 500 US$. Ce rapport consacre aussi la filière électrique comme un axe prioritaire de la stratégie des Etats-Unis dans la réduction de leur dépendance vis-à-vis des importations de pétrole qui, faut-il le rappeler, leur coûtent 1,5 milliard de dollars par jour.

 

FIGURE 1 : PERSPECTIVES DE CROISSANCE DU MARCHÉ DES VÉHICULES ÉLECTRIQUES (SOURCE : AIE)

 

 

Véhicules conventionnels : un prodigieux gain en efficacité énergétique
Si l’on en juge par le soutien actif des Etats, le véhicule électrique est promis à un bel avenir. Il ne remplacera pas, pour autant, les véhicules conventionnels qui continueront à garder une part dominante du marché jusqu’en 2050, voire au-delà. Les véhicules conventionnels de demain seront, cependant, très différents de ceux d’aujourd’hui. Ils consommeront beaucoup moins de carburants et émettront très peu de polluants. La consommation moyenne de carburant des véhicules neufs des pays développés, actuellement de l’ordre de 5 l/100 km, passera, selon les objectifs inscrits dans les politiques de rationalisation énergétique de ces pays, à moins de 4 l/100 km en 2020 et à 1-2 l/100 km en 2050. Ce prodigieux gain en efficacité énergétique est possible grâce aux innovations technologiques des moteurs dont notamment l’injection directe très haute pression, la turbo compression, la commande électromagnétique des soupapes, le downsizing et autres techniques de taux de compression variables. Il l’est aussi grâce à l’équipement des véhicules d’instruments et de moyens d’aide à la conduite tels le système du «stop and start», le prompteur de changement de vitesses, le régulateur de vitesses, les jauges de contrôle de la pression des pneus…


Type de motorisation : le diesel remis en cause, même en… Europe

 Les gains de rendement seront, selon les spécialistes, plus importants pour les moteurs à allumage commandé (moteur à essence) que pour les moteurs diesel. Al’horizon 2020, le rendement énergétique du moteur à essence sera probablement équivalent à celui du diesel. Ce rapprochement de l’efficacité énergétique des deux types de motorisation, d’une part, et les problèmes de pollution, plus contraignants, posés par le moteur diesel, d’autre part, semblent sonner le glas de la motorisation diesel. Même en Europe, terre de prédilection du diesel, la Commission de Bruxelles vient de proposer un projet de directive qui remet en cause le système actuel de taxation favorable au gasoil. Si elle était adoptée, cette nouvelle directive se traduirait par un renchérissement du prix du gasoil de 10% à 15%, ce qui supprimerait le principal avantage qui a permis la percée du diesel en Europe.Ce projet de directive est, bien sûr, fermement combattu par les constructeurs automobiles européens qui, par le bais de leur association, avertissent des conséquences financières et industrielles néfastes de sa mise en œuvre. Parions, toutefois, que cette directive, même si elle était bloquée momentanément par le lobby du diesel, finirait par s’imposer car elle vise, selon le propre texte de cette directive, à «garantir un degré élevé de cohérence dans la manière dont les différentes taxes sur l'énergie contribuent à la réalisation des objectifs que sont la réduction et l'écologisation de la consommation énergétique dans l'Union européenne». Outre la prééminence du mode de carburation à essence, la conception des moteurs conventionnels sera, dans l’avenir, de plus en plus adaptée au fonctionnement aux carburants alternatifs tels les biofuels et les carburants gazeux. Parmi ces carburants, citons notamment le Gaz Naturel Véhicule et le GPL carburant dont le développement est boosté actuellement par la découverte et la mise sur le marché de quantités de plus en plus importantes de gaz non conventionnels (gaz de schiste).


Algérie : en quoi sommes-nous concernés ?
Certes, l’Algérie ne dispose pas d’industrie automobile et, encore moins, de quelques technologies dans le domaine. Elle se doit, cependant, en tant que premier importateur africain de véhicules automobiles, 390 000 unités en 2011, d’assurer la modernisation de son parc conformément aux standards internationaux et éviter que le marché national ne devienne un réceptacle de véhicules énergivores, fortement polluants et de technologie obsolète. Il n’est pas admissible, par exemple, que les véhicules importés aujourd’hui en Algérie, toutes marques confondues, soient, en termes d’efficacité énergétique et de pollution, moins performants que ceux qui sont commercialisés sur les marchés des pays développés. Cette situation se doit d’être corrigée par la mise en place d’une réglementation appropriée qui devra notamment arrêter une norme de consommation de carburant des véhicules importés similaire à la norme européenne (- 5 l/100 km). Cette réglementation devrait aussi rendre plus strictes les normes algériennes actuelles qui autorisent un niveau de pollution des véhicules trois fois plus élevé (sic) que les normes en vigueur en Europe (Euro 5). Elle devrait, enfin, instituer les mesures fiscales idoines à même d’enrayer le phénomène actuel de diesélisation du parc, préjudiciable à l’économie nationale, et d’inciter à la consommation des carburants gazeux, moins chers et plus disponibles localement.


Conclusion
Les contraintes environnementales et la raréfaction prévisible des ressources pétrolières sont en train de remodeler en profondeur les caractéristiques techniques du parc automobile mondial. La voiture du futur sera décarbonée, propre et économe en énergie. Elle utilisera de plus en plus des carburants alternatifs tels les carburants gazeux, l’électricité et l’hydrogène et peut-être même, un jour, l’air (véhicules pneumatiques). Notre pays, à l’instar des autres nations, gagnerait à moderniser progressivement son parc véhicules en profitant des nombreuses avancées dans le domaine de la technologie des moteurs. Cette modernisation est impérative tant pour la sauvegarde de notre environnement que pour la rationalisation de l’utilisation des ressources nationales d’hydrocarbures.
   

 

 
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27 février 2012 1 27 /02 /février /2012 10:34

                             GAZ DE SCHISTES

Où en sommes-nous ?

 

Inconnus du public et négligés par les grands groupes pétroliers jusqu’à tout récemment, les gaz de schistes, appelés aussi shale gas, ont fait une irruption aussi brusque qu’inattendue sur le marché de l’énergie. Leur développement prodigieux aux Etats Unis a même hissé ce pays au rang de premier producteur mondial du gaz. Dans un contexte de rareté annoncée des énergies fossiles, l’apport de ressources de gaz de schistes aussi abondantes marquera certainement de son sceau l’évolution future de la scène énergétique mondiale. En tout cas, ils ne laissent déjà indifférents ni les Etats, ni les opérateurs gaziers, ni, encore moins, les opinions publiques des pays où sont initiés des programmes d’exploration/production. Les premiers les encensent comme le remède miracle qui assurera leur sécurité énergétique, les deuxièmes y voient une manne financière inespérée tandis que les dernières les perçoivent comme un cataclysme écologique. Etablir un état des lieux aussi objectif que possible est, dans ces conditions, un exercice délicat auquel nous nous essaierons dans cet article.

GAZ DE SCHISTES : NATURE CHIMIQUE IDENTIQUE A CELLE DU GAZ NATUREL

Les gaz de schistes, constitués essentiellement de méthane, sont exactement de la même nature chimique que le gaz naturel domestique que nous connaissons tous. Ce sont des gaz non conventionnels qui ne se distinguent des gaz conventionnels que par les caractéristiques géologiques des gisements qui les renferment. Les gisements de gaz conventionnels se présentent sous forme de «poches» de gaz facilement récupérables par forage vertical tandis que les gaz non conventionnels sont emprisonnés dans des roches compactes et imperméables. Ils ne peuvent y être extraits que par des techniques particulières combinant la fracturation hydraulique et le forage horizontal.

FRACTURATION HYDRAULIQUE : UNE TECHNIQUE CONTROVERSEE

La technique de fracturation hydraulique consiste à injecter un fluide sous une pression de plus de 100 bars afin de briser  la roche mère, compacte et dure, et libérer le gaz qui y est piégé. Le fluide utilisé est un mélange de 99% d’eau et de sable et de 1% de produits chimiques. Cette technique présente l’inconvénient majeur de consommer de grandes quantités d’eau. Aux Etats Unis, le forage d’un seul puits, parmi les 6500 forés jusqu’à présent, consomme de l’ordre de 15.000 à 20.000 M3. Elle soulève aussi une opposition farouche des milieux environnementalistes qui lui imputent de graves problèmes de contamination des nappes phréatiques. En Pennsylvanie, des cas de pollution, très médiatisés par le documentaire nominé aux oscars 2011, «Gasland», révèlent  l’infiltration de gaz et de produits chimiques toxiques jusque dans les robinets des ménagères. Ces griefs sont jugés suffisamment fondés par le congrès US qui vient d’enjoindre l’Agence de Protection de l’Environnement (EPA) de préparer une étude approfondie sur les effets de la fracturation hydraulique sur l’environnement. Ils sont également pris au sérieux par les opérateurs gaziers qui, sans attendre les résultats définitifs de l’étude de l’EPA qui ne seront connus qu’en 2014, ont déjà initié des programmes de recherche dans le domaine de la fracturation pneumatique et électrique ainsi que dans la formulation de nouveaux produits chimiques moins nocifs.

RESERVES DE GAZ DE SCHISTES : L’ALGERIE EN POLE POSITION

A la demande du département US de l’énergie (DOE/EIA), le bureau de consulting Advanced Resources International (ARI) a établi une étude dans laquelle il a évalué à plus de 185.000 milliards de M3  les réserves de gaz de schistes récupérables dans les pays qui présentent un haut potentiel (voir figure 1).

Selon cette étude, la Chine détiendrait les plus grandes réserves (36.000 milliards M3) suivie de l’Argentine  et des Etats Unis avec environ 22.000 milliards de M3 chacun. Quant aux  réserves de l’Algérie, elles sont estimées à 7.000 milliards de M3 soit près de 2 fois nos réserves actuelles de gaz conventionnel. Cette estimation est nettement inférieure à celle des responsables du secteur de l’énergie qui, dans leurs différentes déclarations, situent le niveau des réserves nationales plutôt autour de 25.000 milliards de M3. En tout cas, quels que soient les chiffres retenus, ces réserves demeurent immenses.

LOCALISATION DES RESERVES : UNE NOUVELLE DONNE GEOSTRATEGIQUE

Le passage de la situation actuelle, où 60 % des réserves mondiales sont détenues par trois pays (Russie, Iran et Qatar), à cette nouvelle situation, plus équilibrée en termes de localisation des réserves, ne manquera pas d’entrainer une refonte des échanges commerciaux entre les pays consommateurs et producteurs. De nombreux pays tels la Chine, l’Inde et l’Europe, ne seraient plus aussi tributaires des importations en provenance de Russie et du moyen orient. Les USA deviennent même autosuffisants et cesseront, avant 2030, toute importation de gaz. En un mot, la sécurité énergétique des pays de l’OCDE, sujet hautement  sensible, ne dépendrait plus aussi étroitement, comme c’est le cas aujourd’hui, de pays ayant des intérêts politiques antagonistes ou de régions jugées instables.

PRIX DU GAZ : UNE DESINDEXATION DE FAIT PAR RAPPORT AU PRIX DU PETROLE

La production de 120 milliards de M3 de gaz de schistes aux Etats unis et, en même temps, l’arrivée sur le marché de grandes quantités supplémentaires de GNL en provenance du moyen orient ont engendré un excès de l’offre par rapport à la demande que l’AIE estime à plus de 200 milliards de M3 pour 2011. C’est ce déséquilibre offre-demande qui explique la chute brutale des prix enregistrés sur le marché spot depuis 2007. Ce mouvement baissier n’a pas, non plus, épargné les prix du gaz livré dans le cadre des contrats d’approvisionnement à long terme. Sous la pression des consommateurs, Gazprom, premier exportateur mondial, a déjà accepté de changer la formule de prix de ses contrats pour y inclure une part d’indexation sur le marché spot. Bien que les autres exportateurs n’aient pas communiqué sur ce sujet, il est clair que le niveau actuel du prix, qui se négocie sur le marché américain (henry hub) à moins de 4 dollars le million de Btu alors que le prix indexé sur le pétrole est de 16-17 dollars/Million Btu,  atteste d’une désindexation de fait par rapport au  prix du pétrole.

 FILIERE GNL : ANNULATION / REPORT DE NOMBREUX PROJETS

La mise en service récente de plusieurs complexes de GNL (30 millions tonnes/an en 2010) a conduit à une saturation du marché du GNL. Cette déprime du marché  a entrainé la diminution, à moins de 70% en 2010, du taux de fonctionnement des usines de GNL. Elle a aussi eu pour effet l’annulation et le report de nombreux projets. D’après les statistiques du CERA (Cambridge Energy Research Associates), plus de 50% des projets programmés entre 2012 et 2016 ont été annulés ou reportés. A court terme, la rentabilité des unités de GNL sera «plombée», non seulement par la baisse structurelle des prix du gaz, mais aussi en raison du relèvement des coûts d’investissement qui se sont carrément envolés ces dernières années. Ces coûts sont, selon une étude de la CEE, passés de 300 US$/tonne en 2005 à plus 800 US$/tonne aujourd’hui. A plus long terme, le rapprochement entres les lieux de production et les centres de consommation, induit par la plus large répartition géographique des réserves de gaz de schistes, rendra, encore moins avantageuse, la filière GNL par rapport au transport par pipeline. Les nombreux projets de gazoducs en cours de lancement (Galsi, Southstream, Nabucco, TAP …) semblent confirmer cette tendance.

PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT:RALENTIES PAR LA QUESTION ENVIRONNEMENTALE

Les perspectives de développement des gaz de schistes sont réelles en Amérique du nord et dans certains pays tels la Chine, l’Argentine et la Pologne, où de nombreux contrats d’exploration/production ont déjà été conclus. En Algérie, des forages pilotes sont annoncées pour l’année en cours.

A l’inverse, dans d’autres pays, comme la France, l’annonce de programmes d’exploration des gaz de schistes a soulevé une forte mobilisation de l’opinion publique qui s’inquiète des risques environnementaux liés à la production de ces gaz. En France, les autorités ont fini par interdire toute exploitation des gisements utilisant la technique de fracturation hydraulique au motif, selon le rapport de l’Assemblée Nationale de ce pays, que cette technique serait incompatible avec une politique de préservation de l’environnement. Dans le continent africain, l’Afrique du sud, malgré sa dépendance des importations de gaz, vient, pour les mêmes raisons, de déclarer, elle aussi, un moratoire sur l’utilisation de la technique de fracturation hydraulique.

CONCLUSION

Bien que connue depuis la fin des années 1970, la production des gaz de schistes n’est réellement montée en puissance qu’à partir des années 2007 - 2008. L’exploitation de ces gaz suscite de grands espoirs notamment dans le secteur de la génération électrique où ils peuvent être utilisés en remplacement du charbon, énergie polluante s’il en est, et du nucléaire que la catastrophe de Fukushima a définitivement condamné. L’utilisation pleine et entière de l’énorme potentiel en gaz de schistes semble, cependant, conditionnée par le développement de techniques d’exploitation plus respectueuses de l’environnement.

 

 

 

 



 

 

 

 

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12 février 2012 7 12 /02 /février /2012 16:16
Il ne suffit pas de réaliser de nouvelles raffineries pour garantir  l’autonomie nationale en carburant»          (interview publiée dans le quotidien Algérien El Watan du 12-02-2012)
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le 12.02.12 | 01h00 Réagissez

 

Question : La croissance de la demande nationale en carburant est telle que notre pays a recours, depuis plusieurs années déjà, à l’importation de quantités de produits raffinés de plus en plus importantes. N’est-il pas plus opportun de réaliser de nouvelles raffineries pour assurer l’autonomie nationale?

 

Réponse : Réaliser de nouvelles raffineries permettra, certes, de mettre sur le marché national des quantités supplémentaires de carburant. Ceci n’assurera pas, pour autant, l’autonomie de notre pays car, compte tenu du niveau de nos réserves pétrolières, évalué à moins de 18 ans, nous serions obligés, à brève échéance, d’importer du pétrole brut pour alimenter ces raffineries. On ne fera donc que remplacer l’importation des carburants par celle du pétrole, en quantités beaucoup plus importantes et, probablement, dans des conditions économiques moins avantageuses. C’est pourquoi je considère qu’il ne suffit pas de construire de nouvelles raffineries pour garantir l’autonomie nationale en carburant.
Par ailleurs, l’augmentation de la production de produits raffinés ne passe pas, nécessairement, par la réalisation de nouvelles raffineries. La réhabilitation des raffineries existantes, actuellement en cours d’exécution, permettra, par exemple, d’augmenter la capacité d’environ 5 millions de tonnes/an. Un autre moyen de satisfaire la demande du marché est de lancer la construction, à l’intérieur des raffineries existantes, d’unités de transformation du fuel, produit exporté actuellement, en gasoil, dont la demande n’est satisfaite, en partie, que par l’importation.


Question : La sobriété énergétique et l’utilisation de carburants alternatifs sont d’autres mesures, souvent mises en avant, pour parvenir à l’autonomie. Comment notre pays peut-il mettre à profit de telles mesures ?

 

Réponse : Effectivement, nous ne pouvons répondre à la demande du marché en agissant sur le seul levier de l’offre. Il faut aussi agir sur la question, primordiale, de la rationalisation de la consommation. Nous ne pouvons nous permettre le luxe d’ignorer cette question. Toutes les nations développées font, aujourd’hui, une véritable chasse au gaspillage d’énergie pour réduire leur demande. Elles promeuvent, aussi, l’utilisation, en priorité, des ressources dont elles disposent localement. Le Brésil a, par exemple, réussi à atteindre son autonomie énergétique, parce que, pour pallier à son manque de pétrole d’alors, il a, il y a plus de 30 ans, carrément inventé un nouveau carburant (le bioéthanol).    
A titre de comparaison, dans notre pays, gazier avant tout, comment expliquer que les carburants gaziers, dont les qualités techniques sont reconnues partout et par tous, ne soient pas massivement utilisés ? Serions-nous, aujourd’hui, dépendant des importations si nos véhicules de tourisme fonctionnaient, en grande partie, au GPL carburant ?  Comment expliquer notre régime fiscal qui favorise la diésélisation du parc et, par voie de conséquence, subventionne les importations de gasoil ? Que fait-on pour améliorer l’efficacité énergétique dans le secteur des transports ? C’est de la réponse concrète à ces questions que dépendra la préservation de l’autonomie nationale en carburant.

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